3 mois, même pas une centaine de jours depuis que nous nous sommes envolés, et l'impression que c'était dans une autre vie.
Petit bilan :
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Vie quotidienne : Nous sommes chez nous. Les enfants ne parlent plus de "la maison" comme de celle que nous avions en France mais bien de celle d'ici. J'ai mes repères dans 2 des supermarchés du coin, la conduite à gauche est devenue automatique, au moins sur les routes que je prends quotidiennement (les carrefours restent compliqués à gérer quand je ne connais pas). On mange moins de yaourts, plus de jelly, j'équeute les haricots verts et je renifle le lait à chaque fois que je l'ouvre. On reste en pyjama le week-end. Pour le reste, on vit pareil.
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Langue : La plupart du temps, la langue ne me pose pas de soucis, j'avais sans doute un meilleur niveau que ce que je pensais. En revanche, quand un employé du KFC à fort accent me demande nonchalamment quelle sauce je veux, ou que l'infirmière du
health center commence à me débiter plein d'explications spécifiques au téléphone, je sens mes lacunes. Je sens physiquement mon visage se modifier pour prendre un air hébété, mes yeux cligner, mes cheveux blondir : "Slowly please ?"
Les dragonnets se familiarisent avec les consonnances et les mots courants, mais sont encore à peine capables de faire une phrase, même simple.
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Ecole : Nous avons eu beaucoup de chance de trouver de la place dans une école Educate Together aussi rapidement et pour deux enfants (les listes d'attente atteignent 120 enfants dans d'autres quartiers de Dublin). C'est lié à la nouveauté et à la petite taille de l'école. En revanche, cette même chance nous pénalise car l'école n'est pas en mesure de faire face aux difficultés de Dragon1 (qui certes sont bien supérieures à ce qu'on pouvait attendre). Néanmoins, on va réussir à goupiller un truc, du moins je l'espère.
Après même pas deux jours de la nouvelle formule "1h", la maîtresse nous a convoqués MonsieurDragon et moi pour nous faire part d'un nouveau revirement de situation : après avoir pris l'avis de sa hiérarchie nous allons passer outre l'avis de l'experte et revenir à l'ancienne méthode, celle où je suis présente à l'école 100 % du temps et qui semblait quand même porter quelques fruits.
Apparemment la maîtresse n'était pas non plus satisfaite de cette solution, mais elle ne voulait pas qu'en n'en tenant pas compte nous compromettions les chances d'obtenir un poste de SNA (
Special Need Assistant) pour B. Il semble que ça ne sera pas le cas donc, on continue les rendez-vous psy, les formulaires etc, et en attendant je reviens en classe (elle a souligné le caractère très exceptionnel du truc). Dragon1 aura un programme aménagé pour lui. (Elle a quand même laissé entendre que si elle avait su, elle n'aurait pas accepté son inscription...)
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Boulot : MonsieurDragon nage un peu moins profond dans les eaux troubles de son nouveau travail, quant à moi école ou pas école, il est pour l'instant impossible d'envisager de trouver un emploi.
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Paperasse : D'où la nécessité de recourir aux institutions publiques pour tenter de perdre le moins d'argent possible. Afin d'obtenir le
Child Benefit (les allocs irlandaises) j'ai pas moins de 50 pages à remplir, 5 copies certifiées conformes à fournir ainsi que les relevés de comptes de mes 6 derniers mois, le nom de naissance de ma mère, le montant des dernières allocs que j'ai touchées en France et j'en passe...
Je n'ai pas encore ouvert de compte bancaire en Irlande parce que la compagnie de gaz, après avoir accepté de marquer mon nom sur la facture qui doit me servir de justificatif de domicile, a fait une typo sur mon nom, qui du coup ne correspond pas à mes papiers...
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Météo : après un mois de septembre passé à se dire "c'est pas si horrible que ça finalement l'Irlande", l'hiver nous a bien rattrapé. Il fait gris et humide, la nuit tombe entre 16h et 16h15, mais les paysages restent magnifiques.
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Vie sociale : MonsieurDragon rencontre plein de gens intéressants à BigCompany. Il y règne un climat presque "familial" qui fait qu'il y a toujours quelqu'un qui connait quelqu'un qui... Pour ma part, j'ai lié connaissance avec deux-trois parents de l'école. Malgré tout, on se sent un peu isolés (les événements français nous ont touchés mais ne sont pas vraiment importants ici, et il est difficile de s'épancher sur les difficultés des enfants avec le premier venu...)
(A ce sujet d'ailleurs, je ne sais jamais quoi répondre quand on me demande "How are you doing?". Ici c'est une locution, la caissière te le demande après le "Hi" de rigueur, mais je ne pense pas qu'elle s'attende à ce que je lui déballe mes affres ou les raisons de mes cernes. Et ça me gène de réponde "Fine" quand n'importe qui peut voir à ma tête que je suis pas si
fine que ça. Fin de l'apparté)
Enfin, il ne reste qu'à espérer que le plus dur soit passé. On entre dans l'Avent, c'est une période que j'ai toujours bien aimée, la perspective des fêtes et d'un retour au bercail (même provisoire)... De quoi tenir bon pour les mois à venir...