jeudi 28 janvier 2016

Rainbow

On m'avait prévenue, mais c'est vrai : ce pays élève les giboulées au rang d'art. Il pleut à verse le matin, et deux heures plus tard le ciel est clair et dégagé. Toutes les conditions sont réunies pour observer de magnifiques arc-en-ciel, comme celui que nous avons vu avant-hier.



Côté école, c'est un peu pareil je dirais : des éclaircies, des grosses averses, quelques coups de vent... Si j'avais écrit hier, j'aurais parlé d'éclaircies et d'arc-en-ciel, de printemps qui arrive enfin. Mais comme ce matin j'ai rencontré la maîtresse c'est devenu beaucoup moins idyllique...

On a beau essayer de tordre et d'adapter les moules, Dragon1 ne rentre pas dedans. Plus on essaie, plus je le sens malheureux, et plus il est malheureux, moins bien il se comporte. C'est difficile d'être celle qui fait la sourde oreille quand il a mal au ventre le matin, de supprimer peu à peu tout ce qu'il aime à la maison parce qu'il faut bien montrer qu'on n'approuve pas qu'il renverse les meubles, surtout quand au final ça ne change rien.

Les choses semblent se débloquer du côté de l'assessment of need : nous devrions recevoir un rendez-vous dans les 15 jours. J'ai peur de placer un peu trop d'espoir dans ce rendez-vous. Je veux dire à part constater que ça ne va pas et nous faire poireauter encore pour rencontrer Machin ou Bidule, je ne vois pas comment ça va aider mes dragonnets à trouver leur place ici... J'ai au moins trouvé le nom d'une psychologue qui parle français, au final, je crois que ça va se terminer comme ça. La mutuelle de BigCompany ne va pas nous aimer beaucoup.

Je continue le irish dancing. La prof veut nous faire participer à une exhibition pour le centenaire du Easter Rising (en 1916, quelques rebelles indépendantistes ont tenté de proclamer une République, ça n'a pas trop marché, mais ça a lancé le mouvement... C'était il y a 100 ans à peine. C'est fou non ?)





samedi 23 janvier 2016

Racket en bande organisée

Déjà en France, je me suis toujours demandée à quoi servaient exactement les 300 euros et des brouettes que chaque médecin doit payer au Conseil de l'Ordre chaque année. On m'a bien expliqué que c'était pour me protéger, m'enfin j'ai jamais trop vu la protection.
Ma seule vraie rencontre avec l'Ordre, ce fut lors de la visite obligatoire avec un membre du Conseil pour ma première inscription. C'était un vieux médecin qui exerçait dans le vieux Senlis. Je me suis perdue, j'ai mis du temps à me garer, il m'a engueulée parce que j'étais en retard. Accueil chaleureux. J'ai dit que j'avais un poste d'assistante des hôpitaux, ça ne l'intéressait pas, l'Ordre c'est pour les libéraux. Confraternité. Il m'a demandé si j'avais des problèmes qui m'empêchaient d'exercer, j'ai dit "non", il a signé mon papier. Compétence.
Moi la seule chose que j'en ai compris, blonde que je suis, c'est que si je payais pas les 300 euros par an, j'avais plus le droit d'exercer. Ah, et aussi je recevais un caducée à mettre sur ma voiture. C'est joli mais ça m'a jamais vraiment servi pour trouver une place dans le parking de l'hôpital.

Quand j'ai changé de région, j'ai compris que mes sous ne servaient pas à uniformiser et partager l'information. Il a fallu refaire tout le tralala auprès d'un autre conseil départemental. J'ai du négocier au téléphone pour m'épargner la seconde visite auprès d'un autre membre éminent du Conseil à l'autre bout du département.

Quand j'ai quitté le pays, j'ai reçu un courrier me demandant si je voulais m'inscrire sur la liste des médecins résidant à l'étranger. Pour la modique somme de 300 euros par an, j'ai le droit de me réinscrire en France à mon retour avec des formalités simplifiées (!).

Heureusement, grâce à l'Europe,  il existe une équivalence de diplômes entre les pays. Je n'ai donc rien à prouver, rien à repasser, juste un formulaire de 20 pages à remplir, la photocopie certifiée conforme de mon diplôme (et sa traduction assermentée : 50 €) à fournir, et il faut que je demande au Conseil de l'Ordre Français de certifier que je paye bien régulièrement et que je ne suis pas punie.
Avec ça, je dois payer 640 € non remboursables pour que le Medical Council Irlandais daigne étudier mon dossier, qui s'il est accepté, me donnera le droit de payer 650 € par an pour avoir le droit d'exercer.

Alors oui, je suis d'accord qu'il faut rémunérer le travail des gens qui étudient les demandes. Et je reconnais la nécessité d'un organisme qui centralise et organise le travail des médecins.

Mais quand même y a que moi que ça dérange profondément de devoir payer autant pour avoir le droit de m'épuiser à rendre service à la société ? Est-ce que les éboueurs doivent payer une taxe exorbitante pour avoir le droit d'effectuer un travail pénible et nécessaire ?

Pourquoi est-ce que cette belle société issue du régime de Vichy qu'on me présente comme confraternelle me donne l'impression qu'elle ne sert qu'à rémunérer les cigares et les rêves de politique de quelques soixantenaires bedonnants ? Pourquoi suis-je encore déçue de constater que ce genre de racket organisé est universel ?


jeudi 21 janvier 2016

En voiture !

Après quelques mois, la conduite à gauche devient assez automatique. Je me laisse encore surprendre parfois dans les parkings, et j'ai besoin de réfléchir aux intersections que je ne connais pas bien mais dans l'ensemble ça va.

Nous avons une voiture moderne qui crie quand elle va avoir besoin d'essence, qui dit quand il fait froid, et qui se souvient de ses rendez-vous. Genre là elle nous disait qu'en janvier c'était l'heure de la révision.

Déjà en France, les garagistes c'était un peu un monde à part, mais ici avec un bon accent irlandais, je vous explique même pas. Je ne peux pas m'empêcher de penser à ces mamans non francophones qui me regardaient l'air un peu perdu en disant "oui, oui" quand je pensais être très claire dans mes explications...
(Et les traducteurs ne sont pas d'un grand secours : je suis contente de savoir qu'un flywheel est un volant d'inertie, mais ça ne me dit pas à quoi ça sert ni si c'est grave que ça fasse du bruit...)
Du coup, c'est dur de savoir si les prix assez exorbitants sont normaux ou secondaires au mot "PIGEONNE" écrit en lettres capitales sur mon front. Internet semble dire que c'est dans les prix du marché, une part de moi se demande malgré tout dans quelle mesure je ne me fais pas entuber.

Enfin, vu le temps que j'y passe, dans cette voiture, autant bien l'entretenir...


jeudi 14 janvier 2016

Mal partout

C'était ma résolution de l'année 2016 : je l'ai fait ! (Maintenant je suis tranquille)
Dans un effort d'intégration, et puis aussi parce que j'aime bien ça, je me suis inscrite à un cours d'Irish dance. Mais si, vous savez, les filles aux jolies gambettes qui sautillent dans tout les sens genre comme ça.

Bon en vrai c'est un peu moins gracieux, et puis ça sautille pas longtemps avant de souffler comme un éléphant de mer échoué, mais c'est bien chouette quand même de sortir de chez soi et d'avoir une heure juste pour soi. Donc même si les escaliers sont une petite torture aujourd'hui (aïe les cuisses et les fessiers !) je vais essayer d'y retourner régulièrement. (En plus c'est du pay as you come : pas de pression, on ne paye que les cours auxquels on assiste).

MonsieurDragon a de nouvelles responsabilités au travail, il est donc de nouveau un peu plus stressé. Dragon1 travaille en classe, même si le comportement reste encore un peu couci-couça, et Dragon2 se montre désobéissant avec sa nouvelle maîtresse. Je dirais bien qu'il la teste, il va donc falloir cadrer tout ça vite fait...

Apparemment, quelqu'un est passé à l'école "observer" Dragon1 aujourd'hui. Je n'en ai pas été avertie, je n'ai aucune idée de qui c'était ni de ce qu'elle voulait... Il dit qu'il a eu peur, qu'il s'est caché derrière son assistante. Je suppose donc qu'ils ont conclu une nouvelle fois que mon fils est un neu-neu fini. Je pense que nous en saurons plus dans quelques jours lorsque la maîtresse nous convoquera l'air de rien...

Décidée à bien faire les choses, j'ai pris rendez-vous chez notre GP (médecin généraliste) pour évoquer les troubles du sommeil de Dragon1 et ses manifestations anxieuses. Il a répondu en gros que le mieux à faire était d'attendre l'assessment of needs (qui ai-je été informée par courrier, doit avoir lieu entre fin février et fin mai...) et de lui donner de la tisane à la menthe pour ses maux de ventre. Comme ça faisait quand même un peu cher la consult pour ça (il n'a bien évidemment ni ausculté ni discuté avec le dragonnet) il m'a filé un numéro de cabinet psychologique.

Voilà.

Il pleut moins, mais il fait froid, nous avons même eu du givre à quelques reprises. Heureusement, les jours rallongent ça se sent déjà.

samedi 9 janvier 2016

La gentillesse

Ce n'est pas une légende, les gens ici sont vraiment gentils.

Par exemple, en arrivant sur un parking, ce n'est pas rare que quelqu'un qui en sorte vous tende un ticket encore valable.

De la même façon, la dame devant moi à la caisse ce matin m'a proposé 20 € de bons de réduction dont elle n'avait pas l'utilité.

Dans le DART, le monsieur à côté duquel nous étions assis a interrompu sa lecture pour chantonner avec Dragon1 au lieu de lui jeter les regards courroucés qu'il aurait immanquablement reçu dans le métro parisien...

Du coup, je trouve que tout est plus facile. Un vieux sapin sur la route ? C'est probablement quelqu'un qui l'aura perdu en l'emmenant à la déchetterie... d'ailleurs le voilà qui revient, qui s'arrête au milieu de la circulation, récupère son bien... Et tout le monde attend patiemment, personne ne klaxonne, personne n'essaie de doubler, ça peut arriver à tout le monde, c'est plutôt rigolo tout compte fait. J'aime vraiment cette mentalité.

L'année scolaire a plutôt bien démarré : Dragon1 a retrouvé J. son assistante, avec plaisir et a fait les efforts qu'on attendait de lui. La maîtresse de son côté semble enfin plus claire sur ce qu'elle attend, ce qui doit aider aussi. On va peut-être y arriver. Déjà, la journée raccourcie est passée à 2h/j.
Dragon2 fait la tête quand il arrive en classe, mais semble suivre ensuite. Il a changé de maîtresse, la précédente ayant quitté l'école pour des raisons personnelles juste avant les vacances. Heureusement, il connaissait déjà un peu la remplaçante et n'a pas l'air plus perturbé que ça pour l'instant.
Espérons que nous sommes dans la bonne direction !

lundi 4 janvier 2016

Epiphanie

C'est en faisant les courses pour le réveillon du jour de l'an que ça m'a frappée : il n'y a pas ici d'étals de galettes / brioches / autres gâteaux frangipanés. 

"C'est curieux" me suis-je dis, "pour un pays très catholique, ils ne tirent pas les rois ?". A défaut de quelqu'un de local pouvant me renseigner, je me suis tournée vers internet. Il semble donc que la fève et la galette soient une tradition très latine, mais ce n'est absolument pas connu dans les îles anglo-saxonnes. 

Il existe plusieurs pâtisseries typiques des fêtes de fin d'année, comme les mince pies ou le irish christmas cake (une sorte de pudding recouvert de pâte d'amande, très bon mais d'une légèreté toute relative) mais aucun qui soit dédié particulièrement à l'Epiphanie.

L'épiphanie en Irlande est célébrée le 6 janvier, appelée « Nollaig na mBean » qui signifie le Noël des femmes. Traditionnellement, les femmes obtiennent alors un jour de congé et les hommes font le ménage et la cuisine. Les femmes se rendent visite, c’est une pratique qui devient de plus en plus populaire et beaucoup d’Irlandaises se rassemblent le dimanche le plus proche de l’Epiphanie, pour prendre le thé et des gâteaux, bavarder et profiter de la compagnie des autres.
(texte tiré du blog https://irishmentvotre.wordpress.com)

En voilà une tradition intéressante ! =)

L'école ne recommence que mercredi, justement, voilà qui nous laisse le temps de reprendre doucement un rythme plus régulier avant d'attaquer réellement la nouvelle année.