Intensément Irlande

Les dix derniers jours ont été placés sous les couleurs vert/blanc/orange, avec d'abord la Saint-Patrick puis une virée de six jours dans l'Ouest et le Sud du pays avec les parents Princesse.

Que dire ?
La Saint Patrick était bon enfant (nous n'avons pas été à Dublin, trop grand, mais dans une petite ville plus près de chez nous). Il s'agit d'un défilé célébrant à la fois les services communautaires (saleuses, pompiers, gardes-côtes) et les associations de la région (des joueurs de hurling aux petites danseuses irlandaises en passant par le tae kwon do ou le club de natation...)
Il est de bon ton de porter quelque chose de vert, et tout le monde joue volontiers le jeu. Nous avions beau temps, ce qui n'a rien gâché.

Le lendemain, les parents Princesse atterrissaient, et après avoir récupéré une super voiture de location où tenir tous les six, nous sommes partis sur les routes de la verte Eirinn.
Enfin, pas si verte que ça, vu que nous ne sommes qu'au tout début du printemps et que les arbres bourgeonnent à peine. Mais jaune, ocre, grise, noire, mauve, claire, foncée, limpide, brumeuse, désertique, conviviale, océanique, rurale, dépouillée, gourmande, et j'en oublie sans doute... Tant de qualificatifs, et tant de paysages magnifiques et différents qui se situent à un jet de pierre l'un de l'autre. On change de versant : paf ! on passe des montagnes arides aux fougères presque tropicales et 500 m plus loin un mouton se promène en liberté sur la route...

Un petit périple de 1680 km...

J1 : Nous avons commencé droit à l'Ouest vers Galway avec une étape par Athlone. 

J2 : Le Connemara jusqu'à Clifden en passant par Omey Island et l'abbaye de Kylemore.

J3 : Le Burren, les falaises de Moher, puis de la route direction Kilgarvan, lieu de notre deuxième B&B.

J4 : Le Ring of Kerry.

J5 : Nous nous sommes d'abord un peu perdus dans le Ring of Beara, puis après un arrêt à Glengarriff, nous avons évité Cork et visité plutôt Blarney Castle (où l'on peut embrasser dans des conditions périlleuses un pierre censée conférer le don d'éloquence : remarquez à ce propos, à quel point je m'exprime mieux ;)

J6 : Kilkenny, la grotte de Dunmore et retour à Dublin par les petites routes des montagnes de Wicklow, avec une dernière étape à Glendalough.

Nous avons été très bien accueillis dans tous les B&B, avec une mention spéciale pour Tom à Kilgarvan (Birchwood), avons très bien mangé notamment dans les pubs, et nous nous sommes fait plein de copains moutons :)

Il y a bien sûr beaucoup de photos, impossible à toutes mettre ici. MonsieurDragon en particulier a du en prendre plusieurs centaines ;) Me contacter en privé si vous voulez un lien vers l'album.

Bref, ce fut une semaine intensément irlandaise, ce qui est bien au vu du reste de l'actualité dans le monde (les événements de Belgique me touchent particulièrement). Le retour à la vie "normale" faite de courses, lessives et tempête (Katie, qu'elle s'appelle) est moins glamour, mais enfin il nous reste encore une semaine de vacances et demain c'est chocolat alors tout va bien ! (A propos, si vous avez l'occasion, je vous recommande de goûter le chocolat Skelligs, fabriqué en face du Skellig Michael, là où Rey va dénicher Luke à la fin du dernier StarWars. Le lieu doit y être pour quelque chose, le chocolat est délicieux !)

Un peu de politique... (et d'histoire)

Je l'avais promis, je me lance dans un post un peu moins nombriliste pour tenter d'expliquer la vie politique irlandaise telle du moins que je peux la comprendre...

Bon déjà l'Irlande, c'est une île, et y a un petit bout en haut à droite qui ne fait pas partie de la République d'Irlande, mais du Royaume-Uni. Ca n'a l'air de rien, ce petit bout, on se demande bien ce qu'il fait encore là mais ici c'est très très important.

Au début l'Irlande c'était des tribus qui se tapaient dessus. Elles s'unissaient vaguement quand il s'agissait de poutrer du Viking, mais jamais pour bien longtemps, puis au final les Vikings ont fait leur petit trou autour du Dublin et tout le monde était content. Puis l'Angleterre s'est étendue et l'Irlande est devenue territoire britannique. Certes, les grands-bretons ont bien tenter de ramener à une vie plus civilisée les sauvages de ces contrées mais ont fini par renoncer et les considérer comme des péquenauds. Genre leur langue imbitable là, ben c'est une langue de paysan, ici on parle anglais.
Bref, les Irlandais étaient déjà pas ravis, puis le coup de la Grande Famine ça n'a pas amélioré les relations. Dans les campagnes, on cultivait du blé pour les riches propriétaires anglais, et on se nourrissait de patates. En 1845, les patates sont tombées malades, et les gens ont commencé à avoir faim. Genre vraiment. Genre ils mourraient quoi. Mais le blé dans les champs, les anglais continuaient à le vendre, parce qu'on va quand même pas sacrifier une récolte pour des péquenauds. Il y a bien eu quelques soupes populaires, mais globalement, les Irlandais se sont sentis bien seuls sur le coup.

Bien sûr il y avait des élus irlandais en Angleterre, mais c'étaient soit des riches, soit ils n'étaient pas écoutés. De rancune en fierté nationale, un groupe d'indépendantistes a profité de ce que l'Angleterre était occupée sur le front de la Première Guerre Mondiale pour monter un coup d'état, le lundi de Pâques 1916. Ce fut l'Easter Rising dont on commémore le centenaire cette année, et ça n'a pas super bien marché. Déjà, les gens n'étaient pas encore trop prêts. Et puis les autorités britanniques ont réprimé le truc net et carré. Après avoir capitulé, tous les meneurs ont été fusillés.
En guise de châtiment exemplaire, ça a plutôt eu l'effet inverse : l'opinion publique a été choquée et le sentiment anti-anglais s'est renforcé.

Je ne maîtrise pas encore les subtilités, mais globalement au sortir de la guerre et de l'épidémie de grippe Espagnole, les anglais capitulent et accordent son indépendance à l'Irlande, sauf un petit bout qui n'en veut pas.

Dans la nouvelle République d'Irlande, des partis se créent : le Fine Gael (le clan des gaels, qui trouve que le traité c'est bien) et le Fianna Fail (les soldats de la destinée, rien que ça, qui trouve que le traité c'est pas bien). Le Sinn Fein (nous-même) est plus récent, et visait à donner une authenticité politique à l'IRA (les terroristes bien blancs des années 60-70).

Enfin il faut savoir qu'après les années 2000, le Tigre Celtique a eu un sacré coup sur la patate (haha) avec la crise des subprimes en 2008. L'économie s'est effondrée, le chômage a grimpé en flèche et des mesures d'austérité assez drastiques ont été prises, assez impopulaires. Sur le papier ça a bien marché : l'Irlande est même un des pays européens avec une des plus fortes croissance en 2015 (près de 7 %)
En vrai, c'est un peu moins rose. La croissance est liée en grande partie aux entreprises internationales comme BigCompany qui profitent de la taxation avantageuse pour s'installer ici, mais pour l'Irlandais moyen, la vie reste chère, l'accès au logement est quasi impossible, la taxe sur l'eau imposée comme mesure d'austérité reste très impopulaire et près de la moitié des gens refusent de la payer...

Le 26 février dernier les Irlandais ont donc voté. Et comme ils ne choisissent pas la liste d'un parti, mais les personnes qu'ils veulent élire par ordre de priorité ben le résultat est mitigé.
Le Fianna Fail et le Fine Gael obtiennent chacun presque 25 % des voix, le Labour (la gauche d'ici qui fait une politique de droite, comme chez nous) a complètement chuté, et il faut trouver avec qui s'associer pour avoir une majorité au parlement (le Dail).
Sauf qu'il est impossible pour le Fianna Fail et le Fine Gael de s'associer, pour les raisons historiques évoquées plus haut, et que personne ne veut trop se montrer avec le Sinn Fein, donc à l'heure actuelle ça pourparle tant et plus dans les milieux politiques. Il semble que ça va prendre du temps.
L'ancien Premier Ministre (le Taoiseach) Enda Kenny, n'a pas été réélu, et pour l'instant l'Irlande est sans gouvernement...

Voilà en tous cas ce que j'ai pu comprendre de ce qui se passe ici, il y a sans doute des subtilités qui m'échappent encore...

(Et toutes mes excuses aux gaelge qui lisent : j'ai eu la flemme de mettre les bons accents sur les mots gaéliques)

Occupational therapist

Aujourd'hui, c'était le début de la prise en charge de Dragon1 chez l'OT.

Ca s'est plutôt bien passé. Malgré une prise de contact dont il était ressorti plutôt mécontent (rendez-vous compte, elle l'avait obligé à ramasser le sable qu'il avait fait tomber) il n'a pas trop rechigné à s'y rendre, et l'a suivie sans difficulté au moment d'y aller.

Ils sont en petit groupe d'une demi-douzaine d'enfants, (que des garçons curieusement) et travaillent par différentes méthodes sur la gestion de leurs émotions... A priori, Dragon1 s'est intégré sans trop de difficultés, il avait l'air assez content à la sortie. Il se trouve qu'il y a dans le groupe un autre petit garçon dont la mère est française, et j'ai reconnu parmi les mamans une des mamans de l'école (mais pas son fils, qui doit donc être un grand frère...)

De mon côté, ça m'a laissé deux heures de libre avec Dragon2, et c'est vraiment appréciable de pouvoir aussi passer du temps rien qu'avec lui. Pour éviter un 7° aller-retour de la maison (un pour les enfants, un pour conduire Monsieur Dragon à la gare, un pour retourner chercher Dragon1, un pour retourner chercher Dragon2, un pour conduire Dragon1 à l'OT, et le dernier pour retourner chercher Monsieur Dragon à la fin de sa journée...) j'ai décidé de rester sur place. (Puis comme ça, j'étais à côté si ça se passait mal et qu'il faille que je vienne plus tôt, mais ça c'est mon côté mère anxieuse qui parle...)

Du coup, Dragon2 et moi avons été voir les bateaux dans la marina, on a choisi ceux qui nous plaisaient, puis on s'est installés au Starbucks où on a goûté puis joué à la tablette / bouquiné. Il y a pire comme après-midi, et je suis contente de me dire que nous pourrons le renouveler quelques fois.

Mes grands dragons

Vendredi dernier, Dragon1 a eu 7 ans. Aujourd'hui, c'est Dragon2 qui fêtait ses 5 ans.

Souvent, nous avons fêté les anniversaires en famille, et je redoutais que cette période ne soit un peu triste cette année, donc je me suis dit que j'allais organiser un anniversaire commun à la plaine de jeux qu'ils aiment tant.
Comme ils n'ont pas vraiment d'amis attitrés encore, nous avons largement distribué les invitations à l'école en se disant que peut-être certains enfants joueraient le jeu... En fait, une invitation à la plaine de jeu c'est tentant quand on a entre 4 et 6 ans, et puis le monde venant, c'est devenu un peu l'"évènement VIP" de l'école, et voilà comment on se retrouve avec 22 invités !

C'était très sympa cela dit, les enfants se sont éclatés, ils ont grignoté des tas de choses qu'ils aiment (frites, nuggets, bonbons, guimauves, bouts de fruits, et bien sûr gateaux et glace !), ils ont crié et sauté dans les jeux, et les adultes ont pu profiter d'un café pour parler entre eux (comme il y avait des parents des deux classes, tout le monde ne se connaissait pas).
On a passé une très bonne journée, et je suis bien contente.

Les dragonets aussi, surtout que du coup, ils croulent sous les cadeaux !

Ca fait vraiment du bien, ces bons petits moments.