samedi 23 janvier 2016

Racket en bande organisée

Déjà en France, je me suis toujours demandée à quoi servaient exactement les 300 euros et des brouettes que chaque médecin doit payer au Conseil de l'Ordre chaque année. On m'a bien expliqué que c'était pour me protéger, m'enfin j'ai jamais trop vu la protection.
Ma seule vraie rencontre avec l'Ordre, ce fut lors de la visite obligatoire avec un membre du Conseil pour ma première inscription. C'était un vieux médecin qui exerçait dans le vieux Senlis. Je me suis perdue, j'ai mis du temps à me garer, il m'a engueulée parce que j'étais en retard. Accueil chaleureux. J'ai dit que j'avais un poste d'assistante des hôpitaux, ça ne l'intéressait pas, l'Ordre c'est pour les libéraux. Confraternité. Il m'a demandé si j'avais des problèmes qui m'empêchaient d'exercer, j'ai dit "non", il a signé mon papier. Compétence.
Moi la seule chose que j'en ai compris, blonde que je suis, c'est que si je payais pas les 300 euros par an, j'avais plus le droit d'exercer. Ah, et aussi je recevais un caducée à mettre sur ma voiture. C'est joli mais ça m'a jamais vraiment servi pour trouver une place dans le parking de l'hôpital.

Quand j'ai changé de région, j'ai compris que mes sous ne servaient pas à uniformiser et partager l'information. Il a fallu refaire tout le tralala auprès d'un autre conseil départemental. J'ai du négocier au téléphone pour m'épargner la seconde visite auprès d'un autre membre éminent du Conseil à l'autre bout du département.

Quand j'ai quitté le pays, j'ai reçu un courrier me demandant si je voulais m'inscrire sur la liste des médecins résidant à l'étranger. Pour la modique somme de 300 euros par an, j'ai le droit de me réinscrire en France à mon retour avec des formalités simplifiées (!).

Heureusement, grâce à l'Europe,  il existe une équivalence de diplômes entre les pays. Je n'ai donc rien à prouver, rien à repasser, juste un formulaire de 20 pages à remplir, la photocopie certifiée conforme de mon diplôme (et sa traduction assermentée : 50 €) à fournir, et il faut que je demande au Conseil de l'Ordre Français de certifier que je paye bien régulièrement et que je ne suis pas punie.
Avec ça, je dois payer 640 € non remboursables pour que le Medical Council Irlandais daigne étudier mon dossier, qui s'il est accepté, me donnera le droit de payer 650 € par an pour avoir le droit d'exercer.

Alors oui, je suis d'accord qu'il faut rémunérer le travail des gens qui étudient les demandes. Et je reconnais la nécessité d'un organisme qui centralise et organise le travail des médecins.

Mais quand même y a que moi que ça dérange profondément de devoir payer autant pour avoir le droit de m'épuiser à rendre service à la société ? Est-ce que les éboueurs doivent payer une taxe exorbitante pour avoir le droit d'effectuer un travail pénible et nécessaire ?

Pourquoi est-ce que cette belle société issue du régime de Vichy qu'on me présente comme confraternelle me donne l'impression qu'elle ne sert qu'à rémunérer les cigares et les rêves de politique de quelques soixantenaires bedonnants ? Pourquoi suis-je encore déçue de constater que ce genre de racket organisé est universel ?


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