jeudi 2 avril 2020

Coronavirus : semaine 3

Les jours se suivent et se ressemblent.

Les rues sont vides, on se sent presque en infraction quand on fait le tour du pâté de maison et on se dépêche de rentrer - et de se laver les mains.

J'ai repris le travail - enfin officiellement. En pratique, les consultations pédiatriques c'est vraiment très très très calme, il n'y a pour ainsi dire plus de demande. Je réponds au téléphone, principalement, je donne quelques conseils, parfois je vois un enfant (avec mon pyjama, mon masque simple voire FFP2 pour lui regarder la gorge). Honnêtement, j'ai un gros sentiment d'imposture, de glander autant quand fleurissent les messages de soutien aux professions de santé. "Tu faisais quoi, toi, pendant la pandémie ?"
D'un autre côté, j'ai vraiment, mais vraiment pas envie de me retrouver à faire de l'adulte, confrontée à des situations impossibles. Je préfère me faire petite et avoir honte de glander toute seule dans ma salle de consult, prête à voir tous les enfants qu'on m'enverra, et justifiant mon salaire en me fardant les analyses de dossiers et autres audits qu'on n'a jamais le temps de faire autrement.
Je me dis que ça peut changer, que si le confinement doit durer les gens vont re-consulter, parce qu'on peut attendre 2 ou 3 semaines parfois, mais pas forcément 4 mois. On verra.

L'école à la maison continue. On se débrouille pas mal, avec des hauts et des bas. Il a fallu que j'ajoute aux exercices de Dragon2 en piochant dans la classe supérieure pour qu'il se pose enfin plus d'une heure.
Dragon1 continue les classes virtuelles (en apprenant au passage les trolls et les règles de sécurité sur le net, ce qui est ma foi une excellente leçon !). Bon, ça a quand même ses mauvais côtés, genre passer 30 min à essayer d'uploader une vidéo du projet demandé parce que les app ne communiquent pas entre elles, et que le format de la vidéo ne lui convient pas, et qu'on peut uploader avec un compte "étudiant" mais pas un compte "parent"...

Pour la peine, je vous la mets, la vidéo du projet intitulé : à l'aide de matériel trouvé chez vous, construisez quelque chose capable de protéger un oeuf d'une chute de 1m. Qu'est-ce qu'on s'amuse !

La nature s'éveille, nos plants de courgette poussent, mais en pratique on a plutôt l'impression d'une hibernation. Le rythme de vie paraît plus lent, les jours s'étirent, tout est calme (presque plus d'avions au-dessus de nous et nettement moins de trafic sur la route qui jouxte le jardin : on apprécie le silence).

C'est une drôle de dichotomie entre les chiffres qui gonflent tous les jours, les réseaux sociaux et leurs polémiques, le sentiment de vivre un événement planétaire qui déterminera un "avant" et un "après" et le calme de nos vies. C'est pas facile d'associer les deux.

Et puis il y a ma collègue qui fond en larmes quand je lui dit bonjour lundi matin, parce que son beau-père est mort en 2 jours du covid pendant le week-end. Saloperie de virus, quand même.

Je guette le frigo, j'essaie de repousser au maximum le temps d'une nouvelle expédition supermarchétaire (si, si, ça existe comme mot, je viens de l'inventer), je garde mon attestation d'inscription à l'Ordre dans mon sac au cas où des policiers voudraient s'assurer que je suis bien une travailleuse essentielle, je lis et je m'informe. Et je reste chez moi, autant que faire se peut.

Il parait que je sauve des vies.


2 commentaires:

  1. OUI bien sûr! Tout est tellement surréaliste !! Heureusement que notre Ingénieur en herbe est là pour nous faire croire en l'avenir !!!! Des bisous

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  2. Sentiments tellement partagés !!! Que ce soit au boulot ou le confinement à la maison !!!

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