mercredi 4 octobre 2017

Nos aménagements au quotidien

Ca faisait un petit moment que j'avais envie de faire une entrée sur ce sujet : comment nous avons intégré la psychomotricité dans notre quotidien, et comment comprendre le fonctionnement différent de mes enfants a pu changer mes attitudes éducatives en tant que parent, mais aussi en tant que membre médical, formé à la faculté, où ce genres de connaissances n'est apparu qu'il y a quelques années...

Sans revenir sur les multiples étiquettes de mes dragons, une qui revient chez tous les deux c'est "sensory processing issues", c'est à dire une difficulté de leur cerveau à trier et correctement traiter l'information fournie par les organes des sens.
Les 5 sens avons-nous appris. Le toucher, le goût, l'odorat, la vue, l'ouïe. Chez mes zouzous, celui qui déconne le plus, c'est le 6°, celui qu'on ne nous a jamais appris : le système proprioceptif. Ce système, c'est celui que vous avez dans chacun de vos muscles qui vous permet de savoir lequel est contracté comment, où se trouve votre main quand vous êtes dans l'obscurité et qui contribue avec l'oreille interne à votre sens de l'équilibre.
Quand le cerveau décode bien les informations, pas de soucis : vous ne vous rendez compte de rien, tout va bien. Si votre cerveau manque de retour, il va chercher du répondant : on a alors tendance à s'appuyer sur les murs, s'avachir par terre, prendre des positions bizarres dans le canapé... Capitaine cerveau fait alors de son mieux avec les infos qu'il a, mais comme il n'a pas un super retour, on n'a pas une super position (ça ne vous rappelle rien les "tiens toi droite !" ? Moi si...), ou bien les gestes sont lents ou imprécis. En soi, c'est pas très gênant, mais quand il faut gérer ça + les bruits de la classe + ce que dit la maîtresse + regarder le tableau + tenir son crayon + faire venir dans sa tête les mots à écrire + tracer les bonnes lettres dans le bon ordre, ça fait beaucoup.
Heureusement, notre cerveau a une capacité merveilleuse, c'est celle d'automatiser. Faites un truc plusieurs fois, c'est bon, je connais, je délègue et je n'ai plus besoin d'y réfléchir activement pour y parvenir. Tracer la lettre A : facile. Reconnaître que les bruits de la classe ne sont pas pertinents pour la leçon et en faire abstraction : facile. Sauf pour les enfants dys, où toutes ces tâches peuvent s'avérer compliquées vu que l'automatisation ne se fait pas ou plus souvent se fait mais mal. C'est un peu comme être obligé de bosser avec un sous-fifre incompétent : c'est crevant, c'est énervant, et en plus on se fait engueuler parce que le travail est mal fait. Sauf que vous ne pouvez pas le virer, mais à force de patience et de répétition, ça peut finir par devenir mieux.

Pour en revenir aux conseils des psychomot concernant la "force centrale" de mes enfants (core strength sonne mieux) et leur proprioception, voici quelques trucs qui nous aident à la maison.

1/ Les câlins 
Serrés, avec beaucoup de surface de contact. Dragon2 en a besoin après l'école, il a même besoin de se pendre à moi (ma tête comprends, mon dos moins :)
Dans un même style, les massages de dos, larges et puissants, qui apaisaient déjà MonsieurDragon et qui marchent également très bien sur ses rejetons. Et puis les câlins c'est toujours bien !

2/ La raclette à douche
Il est important de faire travailler le dos en extension et sur des surfaces verticales. Alors plutôt que de faire des fresques inspirées sur les murs de la salle de jeu (!), nous avons une raclette à douche. C'est fun, il faut ramasser toutes les gouttes du haut jusqu'en bas, et en plus ça fait moins de ménage pour maman. Gagnant-gagnant.




3/ Le lit-nid
Adieu mes notions de lit bien fait et tiré le matin. Vous avez sans doute tous l'expérience d'être enterré sous des tonnes de couvertures ou de vêtements, et ça appuie sur vos muscles et vos mouvements ont plus de résistance. Il existe même désormais des "weighted blankets" vendues dans le commerce. Pour Dragon1, ce n'est pas moins de 3 couettes (2 simples, une double) dans son lit simple. Il s'entortille dedans, se creuse un nid, s'installe douillettement et s'endort. Plus jeune, j'utilisais la technique du burrito, où je le roulais serré dans sa couette le soir, ça l'apaisait, mais il se sentait trop engoncé. Ici, il aime le poids, mais aussi les différentes textures. Je ne chauffe pas trop sa chambre du coup, et il garde toujours les pieds en dehors, mais ça lui convient. Du coup, son lit ne ressemble à rien, mais en attendant ça l'aide vraiment à s'endormir.



4/ La bouillotte de graines de lin.
Certes, c'est agréable d'avoir chaud, ça détend, mais ces bouillottes sont également lourdes, se drapent sur le ventre, sur les épaules, sur les jambes... Et souvent, elles sentent bon. De quoi apaiser un mal de ventre-angoisse à peu de frais.


5/ La peanut ball
Seule concession à la batterie d'objets sensoriels que tout un tas d'industriels sont prêts à vendre, elle permet de faire la brouette, ou de s'allonger sur le dos en s'étirant et en ayant un bon soutien. Elle peut aussi servir de siège pour enfants agités. Son inconvénient, c'est son potentiel "excitogène" surtout quand ils sont deux à jouer avec en même temps.




6/ Le bureau-cabane
Oui, nous avons acheté un bureau et une chaise, en imaginant, naïvement, un enfant assis en train de gentiment faire ses devoirs ou de jouer à l'ordi. En réalité, le bureau a été converti en "dépose bazar", et les devoirs sont faits à plat ventre dessous, tout comme les jeux à l'ordi. Alors certes ça n'est pas super comme image, mais il faut reconnaître qu'assis à table ça prend 20 min et un adulte pour coacher en permanence, alors que c'est plus facile allongé par terre. Du coup, je dis "pourquoi pas ?". Evidemment, c'est impossible à reproduire en classe, mais justement, on n'est pas en classe.



Malgré tout il y a des limites que je ne franchis pas, comme se mettre à plat ventre sur le dossier du canapé. J'ai beau comprendre le pourquoi du comment, ça reste non, j'aime autant à tout prendre qu'ils s'allongent par terre.

Voili, voilà. Ce n'est qu'une petite liste des choses que nous faisons pour nous rendre la vie moins compliquée, et comme toujours, tout fonctionne ensemble, et peut-être que ça marche parce que tout le monde se sent mieux dans sa peau, mais peut-être aussi que ça contribue à se sentir mieux dans sa peau et que ça fait que tout marche...


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire