Au travail !

Après avoir mené deux entretiens, j'ai donc été acceptée sur un poste de Paediatric Consultant dans un hôpital public à 40 minutes de chez moi.

Déjà, rédiger un CV et répondre aux questions n'est pas évident : nos diplômes et titres français ne veulent rien dire pour eux, et mieux vaut revenir aux bases et se concentrer sur ce qu'on a déjà fait, et ce qu'on sait faire. Il apparaît donc qu'avec mon expérience, je peux être Consultant, c'est à dire en haut de l'échelle des docteurs.

Dans mon humble et encore incomplète compréhension du système des études médicales en Irlande, voilà le schéma que je me suis faite :

- Pas vraiment de concours d'entrée, chaque université sélectionne comme elle l'entend, sur dossier +/- tests d'aptitude.

- Etude de la théorie en medical school (je pense l'équivalent de notre PCEM-DCEM), je ne sais pas combien de temps.

- Ensuite ils deviennent Senior House Officer pour deux ans généralement. Ce sont des super-externes / bébés internes, les stages durent 6 mois, de juillet à janvier.

- Ils sont supervisés par des Registrar (MG) ou Specialty Registrar qui sont internes expérimentés voire assistants. On reste Registrar pendant 4 parfois 6 ans, ils sont parfois divisés en Junior Registrar et Senior Registrar, et de ce que j'ai pu voir, ce sont eux la vraie force de travail.

- Et au-dessus, il y a les Consultants, qui supervisent, conseillent sur les cas complexes, passent faire un petit coucou professoral aux familles, et reprennent la main en cas de gros pépin. Voilà, ça va être mon job maintenant.

Depuis deux jours, j'ai demandé à pouvoir observer comment fonctionnait le service, et je livre ici en vrac les premières observations qui me sont venues :

- Les médecins sont tous en civil, sans aucune identification. Ca ne doit pas être évident pour les patients de s'y retrouver. Pour moi, pas de blouse ça veut surtout dire : 1/ qu'il va falloir faire plus gaffe à comment je m'habille 2/ qu'il ne faut pas que je me fasse pisser/vomir/cracher dessus et 3/ pas de poches pour mettre le demi-kilo de bricoles indispensables que je promenais toujours avec moi (une calculatrice, un jouet qui fait pouet-pouet, un otoscope, mon carnet-mémoire, mon téléphone/terminal google pour quand je sais plus ce qu'est le syndrome de Klippel Feil...)

- Pas de dossier informatisé : toutes les observations se rédigent encore sur papier, les ordonnances aussi.

- Les chambres sont petites, rarement individuelles, les parents n'ont pas souvent la place de rester la nuit auprès de leur enfant. En néonat, ce sont encore des salles avec 5 ou 6 couveuses à touche-touche ou presque (il y a du chemin pour les soins de développement !)

- Très peu de bobologie aux urgences : les consultations sont payantes sauf prise en charge particulière ou lettre du médecin traitant. Du coup, pas de boutons / nez qui coule / "il est chaud".

- Aux urgences, si le médecin veut un bilan il le prélève. S'il veut un cathé, il le pose. Ce que je trouvais parfaitement con dans les séries médicales US est en fait une réalité qui amuserait beaucoup les infirmières des services d'urgence de France ;) Du coup, j'imagine qu'il doit y avoir moins de bilans et de cathé qu'en France, on verra si ça se confirme. Va falloir que je me forme ++. 

- Les prises en charge en revanche sont relativement similaires. La plupart des protocoles que j'ai lu correspondent à ce qui se fait pour les pathologies les plus courantes. Toutes les prescriptions sont en DCI en revanche (c'est très bien, mais ça va m'obliger à réfléchir beaucoup !)

Bref, je sens que dans les mois qui viennent, je vais entretenir ma jeunesse d'esprit...

Sinon dans les bonnes nouvelles familiales on a trouvé une nounou ! Elle habite sur le chemin, pourra emmener les dragonets à l'école le matin et les récupérer et les gardera chez elle, où ils pourront jouer avec d'autres enfants de leur âge. Elle a l'air vraiment très sympathique, et j'espère que tout se passera bien !